Après l’Esthétique théologique et la Dramatique divine, Hans Urs von Balthasar a écrit la Théo-logique. C’est le troisième volet de sa Trilogie.

Il offre ici une « réflexion sur la manière dont l’action dramatique peut être traduite en paroles et en concepts humains qui permettent de la comprendre, de l’annoncer et de la contempler. Il s’agit donc d’une réflexion méthodique a posteriori sur ce qui a été réalisé dans la première (Gloire) et dans la deuxième partie (Dramatique divine). C’est une entreprise qui n’est pas vouée à l’échec car Dieu a bel et bien inséré essentiellement et définitivement sa Parole dans le temps, et que la logique a certainement quelque chose à voir avec le Logos » (dans À propos de mon œuvre, tr. modifiée).

Le tome Vérité du monde

L’étude philosophique intitulée Vérité du monde ouvre un accès philosophique à la compréhension spécifiquement chrétienne de la vérité. Dieu dans le Christ dans l’Église comme vérité sera le thème du deuxième tome. Mais d’abord, il fallait commencer par présenter l’unité entre les dimensions théorique, éthique et esthétique, entre les aspects naturels et personnels, entre la vérité comme non-voilement (l’apport grec) et comme fiabilité et fidélité (l’apport hébreu), entre l’attitude de vérité comme justice et comme amour, comme ouverture du sujet à l’objet, l’unité entre l’être naturellement manifeste et la libre auto-manifestation du sujet. Corrélativement, il fallait montrer le caractère de mystère de toute vérité et le caractère de parole de toute manifestation de l’être, présenter le chemin qui conduit de l’apparaître à l’image et à la parole, et enfin l’unité, en toute vérité mondaine, du dévoilement et du voilement. Il fallait mettre en lumière que l’être et le sujet, dans leur apparaître, sont à chaque fois plus riches et plus profonds que ce qui peut apparaître ; que les conditionnements historiques et les perspectives variées touchant la vérité, tout comme son essence dialogale, sont au plus profond et dès le départ un dialogue déjà en cours entre le Créateur et la créature ; que la quête de l’homme est toujours déjà enveloppée par le fait qu’il ait son abri en Dieu et soit trouvé de Lui. Naturellement, une lumière indirecte se projette ainsi partout depuis la Révélation chrétienne sur l’objet de la philosophie. Or, dans l’espace extra-chrétien, la philosophie n’a jamais été vivante que là où elle a été en même temps théologie. Dans l’espace chrétien, elle ne peut demeurer vivante que dans un dialogue passionné avec la théologie de la Révélation, et même dans cette disponibilité à recevoir d’elle ses implications théologiques cachées. (À propos de mon œuvre, p. 20-21, tr. modifiée.)

La Vérité du monde a été publiée une première en 1947, comme premier volume d'un diptyque qui devait être suivi d'un deuxième volume, jamais écrit, sur La Vérité de Dieu. En 1985, au moment d’entamer sa Théologique, Balthasar a repris cet essai antérieur sans avoir à changer un seul mot. Il l’a intégré tel quel comme premier tome du dernier volet de sa Trilogie, l’enrichissant simplement d’une longue préface.

Nous recommandons:

Jörg Splett, « Hans Urs von Balthasar – Wahrheit in Herrlichkeit », dans : Jörg Splett, Denken vor Gott. Philosophie als Wahrheits-Liebe, Frankfurt a.M., 1996, p. 197-220.Jörg Splett, Série de conférences «Lerngespräch mit großen Zeugen» [À l’école des grands témoins], Partie 12, Semestre d’hiver 2015/16Pascal Ide, Être et mystère. La philosophie de Hans Urs von Balthasar, coll. « Présences » n° 13, Namur, Culture et vérité, 1995. Préface de Joseph Doré. 183 pages.