Qui donne au monde de la création et de l’histoire sa structure profonde ? Certes non le chrétien, mas le Christ, qui est le véritable centre théologique du monde. Dans cette Théologie de l’histoire, le lecteur est d’abord amené à contempler la forme d’existence du Christ au cœur de l’histoire, car c’est en lui que le temps déchu est réintégré dans le temps originaire de Dieu par la pure obéissance d’amour du Christ au Père. Et le Fils, qui attend la future « heure » du Père en se soumettant lui aussi au temps créé auquel tout homme est assujetti, devient du même coup, par son attitude, la mesure de toute existence temporelle. D’un point de vue biblique et théologique, il n’est pas interdit (et c’est même quelque chose d’important pour qui veut suivre le Seigneur) d’interpréter l’acte fondamental de l’existence du Christ comme l’acte de foi archétypique au sein duquel l’Église reçoit elle aussi la possibilité de croire. On renvoie là-dessus à l’essai « Fides Christi » dans Sponsa Verbi.

Publié une première fois en 1950, puis en 1959, l’ouvrage est enrichi, dans l’édition allemande de 2004, d’une note de Alois Haas et d’un article de Balthasar de 1961 sur le même thème, intitulé « Kerygma und Gegenwart » [Kérygme et temps présent]. La traduction française de 1955 comporte une magnifique préface d’Albert Béguin avec qui Balthasar était lié d’une grande amitié à Bâle. Dans un style plein d’empathie et d’admiration, Béguin présente le parcours intellectuel de son ami et les grands thèmes de sa pensée.