Ce livre de 1956 est republié comme volume VI de la réédition critique des Écrits de jeunesse (édition et introduction de Alois Haas). Balthasar réinterroge ici la question de Dieu à l’âge de la science.

Le théologien prend pour point de départ la zone concrète où la science, la religion et le christianisme se rencontrent et entrent en tension les uns avec les autres. Dans tous ces domaines, l’homme se présente comme un être sans abri, sans un chez-soi, sans protection, que ce soit dans son intériorité ou bien à l’extérieur, dans le cosmos et la nature, où il ne réussit à redonner forme à son environnement qu’au moyen de la technique. Cet isolement semble ouvrir deux pistes : soit la question de l’identité de l’homme sous la forme d’une anthropologie autonome ; soit l’effroi face à un tout qui le dépasse de partout. Mais c’est peut-être cet isolement qui le renvoie justement au Dieu éternel. Si l’homme cherche à l’extérieur, il ne trouvera pas de sécurités : ni dans un cosmos calculable ni dans une nature splendide. Et dans son intériorité, il n’en trouvera pas non plus, puisque tout ce qui semble avoir de valeur intrinsèque apparaît soudain insondable et suspect du fait de la psychologie des profondeurs, de l’ethnologie, de l’histoire, de la sociologie et de la médecine... L’homme se voit exposé à des forces qui le livrent aux systèmes totalitaires qu’il a lui-même créés et le rendent absolument sans pouvoir à leur égard. Face à cette situation où l’homme, sans abri, se voit repousser vers lui-même, Balthasar répond qu’il y a là un changement de paradigme, et que ce nouveau paradigme permet d’interpréter d’un point de vue chrétien certaines attitudes spirituelles de l’homme d’aujourd’hui.